Êtes-vous fait pour avoir un berger australien ?
Ou êtes-vous prêt à avoir un chien ?
Voilà vous en êtes à peu près là… vous avez été traversé par cette idée folle et incroyable d’avoir un chien. Vous l’avez envisagé et elle vous a plu ! Vous vous êtes renseigné autour de vous et sur internet, sur le fait d’avoir un chien et vous êtes toujours aussi motivé. Vous avez déjà croisé quelques Australiens et c’est un profil qui vous dit toujours…
Alors je vous propose de faire le tour des points indispensables à envisager pour avoir un chien et un berger australien en particulier. Attention, je cherche à vous dresser un portrait fidèle et sans fioriture.
Du temps… et de l’organisation
Après avoir retourné plusieurs fois la rédaction de cet article, c’est la valeur qui parait fondamentale. Et puis si vous n’en avez pas, vous pouvez fermer cet article, on vous libère sans en perdre plus, mais vraiment, ne prenez pas de chien du tout !
Comme tout ce qui fait partie de notre vie (enfant, famille, ami, loisir) avoir un chien ça prend du temps, parfois plus que prévu, parfois moins aussi. Je le sais également au travers de mon métier, les propriétaires rencontrent des problèmes de comportement qui ne pourront s’arranger qu’en prenant le temps de les travailler !
Je vous encourage dès maintenant à budgétiser sur la semaine le temps que vous pourrez consacrer à votre nouvel ami. C’est la partie pratique ! Alors, prenez une feuille, un crayon. Dessinez un calendrier hebdomadaire (avec les jours de la semaine en haut), notez les horaires récurrents de votre planning (travail, activités, courses). Soyez franc avec vous-même ! Puis localiser et notez à côté les encarts disponibles pour votre futur compagnon et remplissez-les avec les différents points suivants :
1. Pour les balades
c’est peut-être le premier poste de dépense de temps. Une balade doit être un moment d’exploration et de prise olfactive, de rencontre de congénère, de jeu éventuellement, mais surtout de partage. Une balade de qualité doit toujours être l’objectif plutôt qu’une balade quantité. Pour un berger australien adulte, en bonne santé, 1heure 45 par jour peut être une bonne moyenne. Il faudra peut-être plus ! Chaque individu est différent. Ce temps est idéalement fractionné, mais dans des lieux particulièrement enrichissants olfactivement, comme une forêt, un bois par exemple.
2. Pour l’entretien
Il devient par la force des choses le budget-temps qui revient. Évidemment ses magnifiques poils longs sont autonettoyants ! Mais ils devront s’auto nettoyer quelque part… De plus les bergers australiens, à l’instar d’autres races, apprécient l’eau ! La boue et les flaques ne sont pas du genre à leur faire peur. On vous promet de beaux moments d’excitation et quelques zoomies of course. Quelques rinçages seront nécessaires ? Un lieu de décantation ? De la résilience ? À vous de voir, mais vous passerez probablement l’aspirateur plus fréquemment.
Dans l’entretien j’ajoute aussi que 2 fois par an cette race mue ! La mue est une perte de poil importante qui permet de s’ajuster aux saisons à venir. La quantité de poil perdue dépend de l’individu, mais peut être impressionnante ! Brosser permet d’aider le chien et lui évite une ingestion de poil trop importante pouvant aller jusqu’à l’occlusion intestinale. Bref, quelques coups de brosse pour éviter les bourres de poil derrière les oreilles, les coudes et les cuisses ne seront pas de trop. Disons 20 minutes en fractionner sur un mois.
Prendre le temps de travailler les soins pourra vous servir toute la vie. Manipuler les pattes, regarder entre les coussinets, dans les oreilles ou les yeux, fouiller le poil… autant de compétences qui devraient participer à votre relation plutôt qu’être un point de conflit. Si vous avez la chance d’avoir un jeune chien, c’est d’autant plus abordable. Pensez-y donc avant de devoir enlever quelque chose de coincé entre ses dents, de retirer une épine de la patte, de soigner une otite ou une conjonctivite. Manipulez et reproduisez simplement les gestes avec progressivité. Votre éleveur vous aura également aidé en façonnant ses premiers gestes. C’est d’ailleurs une question que vous devriez poser lors de votre choix d’élevage : quels protocoles de manipulations ont été mis en place ? Compter 3 minutes tous les jours jusqu’à 1 an au moins. Je suis certaine que dans ce temps vous trouverez utile de glisser plein d’autres apprentissages.
3. Les activités avec son chien
Ici chaque chien sera très différent ! En fait, beaucoup d’aussies n’aiment pas faire d’activité avec leurs humains et préféreront farniente sur le canapé. C’est d’ailleurs une activité que la plupart d’entre eux apprécient beaucoup. Mais l’autre partie aura besoin de s’occuper l’esprit avec des enrichissements plus fréquents. On ne vous demande pas d’atteindre le niveau concours, mais de lui trouver des activités ludiques qui vont chercher à le poser, à rencontrer doucement sa frustration et son émotionnel. Ces activités seront très productives pour lui, pour vous et pour votre relation. Un berger australien qui s’ennuie mettra vos nerfs à rude épreuve. Attention, je parle de faire des activités dont le challenge est adapté, qui vont participer à développer son « will to please » naturel et l’encourager à gérer ses émotions. Cela ne veut pas dire que certaines activités lui sont interdites, mais qu’il y aura une manière de faire, une manière de proposer les choses et de les travailler qui devra s’adapter à lui. Il est vivement recommandé de se faire aider, de pratiquer avec des professionnels qualifiés et bienveillants qui sauront analyser le tempérament de votre chiot et lui développer des plans de training adaptés. Compter 1 heure par semaine à partir de ses 10 mois. Mais ayez commencé par 3 minutes par jour lors de la première année pour vous rendre service.
4. La période de développement :
Elle demande particulièrement du temps parce que l’on devra tout adapter en fonction du jeune chien qui se fatigue vite. Ainsi, repensez pour cette période les balades et les activités de façon fractionnée. Constituer un planning de découvertes pour le socialiser, le familiariser à votre quotidien qui ne devrait pas changer, mais s’adapter pour être progressif. Vous pouvez y consacrer autant de temps que vous souhaitez, tant que votre observation confirme qu’il part aux découvertes et qu’elles ne se passent pas à son détriment. Listez les expériences et triez-les par importance dans votre vie (l’emmener au club hippique avant de l’emmener au restaurant, l’emmener sur un bateau après lui faire découvrir une zone de travaux, etc.). C’est donc la fréquence d’apparition de ces stimuli qui définira vos objectifs, mais encore une fois cela devrait compléter le travail de votre éleveur qui aura eu à cœur de faire découvrir de façon répétée et positive des expériences différentes !
De la patience… Et de la bienveillance
La patience c’est encore du temps. On la perd lorsque l’on considère que ça ne devrait pas en prendre autant (dans les bouchons particulièrement) ou que ce n’est pas juste (quand on vous passe devant à la caisse). Mais comme les chiens ne peuvent pas comprendre qu’ils ont été « injustes » avec vous et les bords particulièrement masticable de votre tapis, la problématique devrait pouvoir s’arranger avec du temps. Celui de la répétition, de la compréhension et de toute votre bienveillance.
Probablement parce que je suis éducatrice canin j’ai à cœur de transmettre une éducation basée sur la bienveillance et les renforcements positifs, la communication et le respect des besoins du chien. Et cela vous demandera énormément de patience. Je connais peu d’adoptant qui ne se sont pas senti testé, voire éprouvé, qui n’ont pas craqué, crié ou pleuré, qui n’ont pas regretté (momentanément) d’avoir adopté un chien. D’ailleurs, au même titre que le baby blues, il existe le puppy blues ! Il faut se rappeler que le cerveau des jeunes chiens est une cocotte en ébullition qui gonfle jusqu’à au moins 1 an (et je minimise). Durant toute cette période, la répétition des étapes d’apprentissage tantôt acquis tantôt flottant sera essentielle et totalement normale.
Pour un aussie tout particulièrement, cette première année devra être placée sous le signe de la gestion des émotions et de la prise en compte de sa sensibilité. Chez le berger australien, les profils non frustrable et les réactifs auraient souvent pu être évités si les apprentissages avaient été adaptés. Et l’éleveur aurait dû participer à ce développement.
Rappelez-vous également que l’adoption à 8 semaines se trouve pile au milieu d’une phase critique d’apparition des peurs et pile au milieu de la phase de socialisation (3 semaines à 3 mois). Si chaque cas est particulier, le choix de votre élevage sera donc déterminant également. Un chien de berger possède un potentiel sensible qui le prédestine à apprendre plus de son environnement. Il apprend plus rapidement que la moyenne des chiens pour déterminer si tels et tels évènements associer sont positifs ou négatifs. Mais la bonne nouvelle c’est qu’il fera grand cas de ce que vous en pensez également, donc participez à tout rendre merveilleux ! Et n’hésitez pas à vous faire aider par un professionnel dans une approche bienveillante et dont on peut se renseigner sur le parcours de formation si vous n’êtes pas sûr de vous.
Contrairement à ce que l’on trouve sur de nombreuses fiches de race débonnaire et évasive, le berger australien n’est pas « facile à éduquer », il nécessite un minimum de prévention et de compréhension du chien pour atténuer son côté sensible et renforcer ses atouts.
De l’argent
Point de mystère ici, un chien ça coute cher ! Le berger australien à une moyenne de vie de 12 ans (et je vous en souhaite quelques-unes de plus). Ce qui signifie au moins autant de visite vétérinaire. Parce que c’est un chien souvent plein d’énergie qui se jette dans la vie comme une brute candide. Il peut donc être plus sujet aux accidents qu’un terre neuve, mais je ne connais pas de statistique là-dessus.
1. Les frais vétérinaires
Ils ont un cout à budgétiser et il devrait être envisagé avant le découvert ! Renseignez-vous directement auprès des vétérinaires locaux pour parler de leurs tarifs. Ce sera un premier contact pour voir si le courant passe, savoir quelles spécialités sont pratiquées, comment sont-ils équipés, etc.
2. L’alimentation et la mastication
C’est le principal poste de dépense récurrent du chien. Si vous voulez réduire les frais vétérinaires à l’âge de la maturité, et ne pas écourter la vie de votre ami, je vous recommande d’investir dans une alimentation équilibrée et appropriée dès le plus jeune âge. Vous éviterez les allergies, les carences et une sénescence précoce au passage. Pareil, n’hésitez pas à vous faire aider par un professionnel qui n’a rien à vous vendre et fouiller un peu ce sujet. C’est quelque chose que je trouve fondamental dans l’échange avec les adoptants ; aider à choisir une alimentation adaptée aux besoins du chien et compatible avec les attentes des humains. Dans l’alimentation les conflits d’intérêts sont nombreux et les avis quasiment politique et religieux…
4. L’éducation et les activités
Elles auront aussi un coût. Mais se faire aider par un professionnel qualifié et à jour de connaissance n’est pas un luxe non plus. Cela participe à la prévention des problématiques et pourra vous aider à avoir les bons réflexes.
Conclusion
Votre feuille devrait s’être un peu couverte et j’espère qu’il vous reste de la place pour l’imprévu. J’espère que cet article vous aura aidé. J’espère également qu’il aura éprouvé votre envie d’avoir un berger australien. Si dans 2 jours c’est toujours la race de vos rêves tant mieux ! Sinon laissez-le à quelqu’un d’autre.