Les programmes de stimulation précoce du chiot

I. Pourquoi faire ?

En termes de connaissances scientifiques, le monde du chien a beaucoup évolué ses 20 dernières années. Avec un beau recul à ce jour, nous sommes en mesure de comprendre que la période sensible du chiot est déterminante dans le bon déroulement de sa vie future, mais également que cette période s’ouvre et se ferme à des dates différentes selon la race et les individus.

Si l’on dit phase précoce c’est parce que cette phase commence en réalité avant même la naissance (période prénatale) et s’étale jusqu’à la 12ème semaine.

Il faut donc être conscient que c’est l’éleveur qui aura donc le plus d’impact dans cette phase, que ce soit en terme de semaine ou en terme de possibilité avec la fratrie et des adultes variés. Mais également que les adoptants n’ont pas toujours le temps ou les compétences pour pratiquer une sociabilisation optimale. Il est d’ailleurs difficile de savoir physiquement à quoi cela correspond et comment la mettre en pratique. 

II. D’où ça vient ?

Au-delà de ses études, des protocoles ont permis de faire la différence chez les chiens militaires et les chiens d’assistance afin de les rendre plus faciles à entrainer tout d’abord. Mais également moins stressé et plus confiant dans leurs tâches quotidiennes.

Progressivement, d’autres éleveurs se sont mis à pratiquer des socialisations plus appliquées et à comprendre comment développer la gestion émotionnelle dès le plus jeune âge. Les chiens issus de ces programmes d’élevage s’avèrent plus stables, plus confiants et favorables à la nouveauté.

Dans cette lignée, d’autres études montrent que les caractéristiques comportementales d’un chien ne représentent que 35 % contre 65 % d’acquis. Cela laisse une grande porte ouverte à l’apprentissage, il est donc naturel de vouloir maximiser ce potentiel dès le début.

III. Comment le mettre en place pour quels bénéfices ?

  1. L’incroyable ENS

En pratique, tout commence avec le programme ENS (Early Neurological Stimulation) pratiqué entre le 3ème et le 16ème jour de vie. Le chiot est disposé dans 5 positions durant 5 secondes chacune :

  • Stimulation tactile des coussinets avec un coton-tige
  • Porté avec la tête vers le haut
  • Porté avec la tête en bas
  • Porté avec les pattes vers le haut
  • Stimulation thermique grâce à une serviette froide

 L’étude du C. L. Battaglia, « Periods of early developpement and the effects of stimulation and social experiences in the Canine. Journal of Veterinary Behavior » (2009), aussi appelé programme Bio Sensor ou SuperDog, montre que les chiots ayant suivi l’ENS ont des caractéristiques physiologiques mieux développées :

  • Fréquence cardiaque améliorée : performance cardio-vasculaire.
  • Les battements de cœur plus forts.
  • Les glandes surrénales plus fortes.
  • Une tolérance plus élevée aux situations stressantes.
  • Une plus grande résistance à la maladie.

Des tests d’apprentissages réalisés plus tard ont montré que les chiots sont plus actifs et curieux, mais également plus confiants et moins frustrés. Cela permet d’optimiser la deuxième phase cruciale et limitée dans le temps : la sociabilisation

2. Avec le renfort de l’ESI

ESI (Early Scent Introduction) est un programme développé par Avidog et le Dr Watkins, G. (Early Scent Introduction for Neonate Puppies). Il se déroule du 3ème jour de vie au 16ème jour de vie avec chaque jour la découverte d’une odeur.

Chaque chiot a la possibilité de découvrir cette odeur, de s’en approcher ou de s’en éloigner. Leur réaction, positive, négative ou neutre est collectée. L’odorat étant le sens le plus développé chez le chien, mais également le plus disponible pour les nouveau-nés, il s’agit de le stimuler naturellement. L’étude réalisée sur l’ESS montre des performances plus accrues dans les disciplines de flair à l’âge adulte. Avoir un nez fiable pour un chien est un atout majeur, même si l’on ne devient pas chien d’assistance. Il permet de se renseigner à distance, d’analyser plus rapidement et donc d’être plus sûr de soi en toute situation. Le nez du chien est son atout, le nez des chiots ESI est leur super pouvoir.

3. Le contact physique

L’étude de E. Gazzano, « Effects of early gentling and early environment on emotional devlopment of puppies » (2007) a porté sur 3 portées de chiots nées en famille et en élevage. Certains étaient caressés entre le 3ème et le 21ème jour de vie, et certains ne l’étaient pas. À 8 semaines, il apparait que les chiots en famille et en élevage qui ont été caressés résistaient mieux au stress de l’isolement que les autres.

Créer du contact, au travers de manipulations, aurait donc une fonction bien plus complète que préparer le chiot au contact humain et aux soins. S’il permet d’être plus confiant seul, ces manipulations ont donc un rapport avec une meilleure gestion émotionnelle e une plus grande confiance en eux.

Le programme Avidog est issu d’un élevage de chien d’assistance et complète l’approche des premières semaines. Le programme prévoit des gestes et contacts quotidiens qui permettront une mise en place du soin plus facile, une désensibilisation au contact, mais aussi une plus grande tolérance et une début d’une résistance à la frustration.

4. Une sociabilisation adaptée

Après la phase néonatale et la phase de transition (phase d’ouverture des yeux, des oreilles), apparait la phase dite de « sociabilisation », qui dure entre la troisième semaine de vie et la 12ème semaine. Cela sous-entend que la plus grande partie de ce temps crucial se déroule à l’élevage (5 à 7 semaines à l’élevage et 2 à 4 semaines dans son nouvel environnement).

Durant cette phase le chiot passe par une période d’ouverture épigénétique qui le rend adaptable à son environnement. Puis elle se sensibilise particulièrement entre la 9ème et la 11ème semaine, sous la forme d’apparition des peurs, permettant de se protéger et survivre à son environnement. 

Il est donc essentiel d’avoir prévu précocement un certain nombre d’expériences à réaliser de manière positive pour que les chiots en garde le meilleur. Mais il est aussi essentiel d’aider les chiots dans les moments particuliers que représente la phase aversive. La formation et l’expérience permettant de le détecter afin de proposer une désensibilisation le plus précocement.

Parmi les protocoles : la désensibilisation aux bruits de tout genre (moto, skate, orage, chantier, sèche-cheveux, volet métallique), voyage en voiture, visite en ville, rencontre de différents profils de chien, rencontre de différent profil d’humain, avec toute l’observation et le travail individuel que cela représente

5. La création de comportements adaptés

Le deuxième pilier de la stimulation précoce passe par l’éducation. Et elle touche, en réalité, à tous les domaines de notre vie avec un chien. Comme vous l’avez compris, il est primordial de démarrer les apprentissages le plus tôt possible.

Certaines études réalisées sur des chiots n’ayant pas été stimulés par des humains à ces âges précoces montrent que les adultes peinent grandement et n’atteignent pas le niveau de chien ayant eu un départ de vie plus entouré. Les chiens qui n’ont pas été suffisamment touchés lorsqu’ils étaient chiot n’apprécient pas le contact physique de l’humain, voire présentent des signes de peur.

Parmi les protocoles travaillés : la protection des ressources, la frustration, la gestion des émotions, les manipulations poussées, le port du collier, brosser, couper les griffes, vérifier le pelage, marche en laisse, ne pas sauter sur l’humain, être propre, resté seul, demander à l’humain, le clicker training et shaping, la proprioception…

Si vous voulez voir comment ça se passe en pratique, n’hésitez pas à jeter un œil à notre profil Instagram

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut